La Philosophie du Wa dans les Kata

Conférence - Démonstration

 Lors de leur création sous le régime féodal de l’époque Muromachi, le théâtre nô et la voie du sabre ont été fortement influencés par le zen et le shintoisme. Ils ont ensuite évolué en s’empruntant mutuellement certaines techniques, et se sont raffinés, devenant des arts que les guerriers se devaient d’étudier.

Masato Matsuura est un expert de ces deux arts qu’il enseigne à Paris. Il nous expliquera les formes codifiées - les « kata » - de ces deux disciplines, et illustrera ses propos de démonstrations avec ses disciples. Il nous montrera aussi que le concept d’harmonie (wa) est essentiel dans les danses du nô et les arts martiaux.

 

La Maison de la Culture du Japon
101 bis quai Branly 75015 Paris

 

Les Créateurs des Kata : 

Kamiizumi Isenokami Nobutsuna (1508?- 1582?) 

A l’origine, il était l’un des Daimyos pendant la période des guerres civiles. Puis, il a abandonné sa fonction et a consacré sa vie pour créer son style de sabre et le propager. Il est le fondateur de l'école ShinkageRyu (la nouvelle école de l'ombre), qui fut l’une des plus grandes écoles de sabre japonais, et qui devint le style officiel de la famille de Syogun Tokugawa. La notion de Katsujin Ken (Sabre de vie) est inventée par cette école. « Mon sabre est uni avec le ciel et la terre » 

Miyamoto Musashi (1584 -1645) 

Il est sans doute le maître de sabre le plus connu du Japon. Il était aussi un peintre célèbre, et un auteur, notamment du Livre de cinq roues traduit en plusieurs langues aujourd'hui. En revanche, son art primordial, son art du sabre, n'est pas très connu car sa spécialité : les deux sabres, ne se révèle pas très orthodoxe au Japon. « Si on regarde le ciel et la terre comme son propre jardin, on se trouve en dehors du monde » 

Zéami Motokiyo (1363?- 1443?) 

Il est l’un des fondateurs du Nô. Il a été patronné par Syogun Ashikaga Yoshimitsu. Familier du Zen, des Renga (l’art de la poésie) et des autres arts de la cour, qu’il intégra dans son Sarugaku (l'origine du Nô), il créa son propre style. Acteur et également auteur de Nô, il est l'un des grands dramaturges de la culture japonaise. «Dans le maï (la danse), on trouve Sa Yu SA (gauche, droite, gauche). Dans la gestuelle, la chorégraphie, la posture, l’allure et même dans le coeur et la conscience, il faut penser à cela» 

"Dans la vie, il existe la fin, dans l'art la fin ne doit pas exister, jamais." 

C'est aussi une parole de Zéami.

 Les fondateurs créent les Kata comme une sorte d’ouvrage qui condense toutes leurs expériences, leur philosophie, toutes leurs inventions, leurs connaissances venues de leurs prédécesseurs, en un mot : leur vie. 

Ils les transmettent à leurs héritiers. Puis, de génération en génération, les kata ont été répétés et raffinés, ou transformés, ou perdus, cela dépendait des pratiquants de l'époque. 

Aujourd'hui, nous avons rencontré cet héritage et nous sommes dedans. 

Je suis toujours frappé par l'esprit des créateurs et leur destinée de révolutionnaires, mais aussi par tous les héritiers qui se sont consacrés à succéder et transmettre. 

Tous ces esprits ont enrichi les arts, ces oeuvres : les Kata. C'est une grande joie de partager cet art vivant avec vous aujourd'hui à Paris. 

Pour moi, c'est le meilleur hommage aux créateurs et à leurs prédécesseurs. 

Les kata, les arts vivants, ne peuvent jamais exister sans rencontre avec le public. 

Merci d'être venus, merci de partager ce moment. 

Masato MATSUURA